Titre : Méfiez-vous de l'eau qui dort.
Base : Gundam Wing.
Auteur : Okko
E-mail : okko_kun@yahoo.fr
Genre : Parodie, UA, OOC


Les extraordinaires aventures de Trowa Barton, détective privé.
Méfiez-vous de l'eau qui dort

 


Nous étions le 11 juillet. Il était 9H46 du matin. Entre les persiennes sales, j'observais mornement les gens passer dans la ruelle borgne où j'avais eu l'idée saugrenue d'installer mon agence. C'était principalement des livreurs qui approvisionnaient en denrées plus ou moins fraîches les cuisines des restaurants miteux qui constituaient l'essentiel de mon voisinage. Depuis un an que je m'étais fixé dans ce trou, supporter l'odeur de graillon des cuisines " exotiques " et épier le va-et-vient des livreurs et des garçons de cuisine s'accordant une pause pour fumer avait été mon unique activité. Aucun client, pas la moindre petite affaire pour alimenter mon fond de commerce. Les maris cocufiés eux-même semblaient mettre un point d'honneur à m'ignorer, et préféraient adresser leur certes peu attractive mais néanmoins lucrative clientèle à mes concurrents.
J 'avais pourtant espoir en m'installant ici que mes précédents succès (*voir " Trowa Barton contre le docteur treize " et " pas de Gundam pour Trowa Barton.) parviendraient à faire oublier le relatif isolement géographique et la façade décrépie de mon officine. Si cela continuait comme ça, je serai bientôt dans l'obligation de fermer boutique et d'accepter le minable poste de veilleur de nuit que m'avait proposé Noin.
Je me préparais ainsi à vivre encore une énième journée passionnante, à m'occuper de mes tamagotchis en buvant du Jack Daniel's, quand j'entendis, incrédule, tinter la crécelle de ma porte d'entrée. Je me remettais cependant vite de mon émotion en me disant que c'était sans nul doute mon propriétaire venu me réclamer mes arriérés de loyer ou mon voisin Yamada qui me demanderait de garder son pékinois pour la matinée.
Je fus donc d'autant plus surpris de voir entrer un ravissant jeune homme blond aux grands yeux bleus, vêtu d'un costume blanc immaculé, dont l'élégance et la mise raffinée semblait faire injure à mon bureau exigu.
-Bonjour, Trowa Arton ?
-Non, Trowa Barton. Le B est tombé de l'enseigne.
-Parfait, Mr Barton, j'ai une affaire à vous proposer.
J'examinais d'un œil critique mon providentiel client. Un homme fortuné, séduisant et bien éduqué, dont je ne parvenais à déterminer l'age. 25 ans ? Moins peut être. Quoi qu'il en soit, sa présence ici me semblait incongrue. Ce n'était pas ma réputation qui l'avait attiré puisqu'il y a cinq minutes encore il ne connaissait pas mon vrai nom. Et il semblait en mesure de s'offrir les services des agences de détective les plus prestigieuses.
Vraiment, je me demandais ce qu'il venait faire ici.
-Vous vous demandez certainement ce que je viens faire ici ?
-Euh…Oui.
-Et bien disons que l'affaire que je souhaite vous confier requiert la plus grande discrétion. M'adresser à une agence plus important et reconnue multiplierait d'autant les éventualités de fuite, et je ne veux prendre aucun risque. Vous comprenez ?
L'homme me regardait dans les yeux en disant cela, sa voix était calme mais froide. Je décidais de lui faire confiance malgré tout et de mettre en veilleuse ma méfiance naturelle (de toute façon, c'était ça ou la ruine, je n'allais quand même pas jeter mon premier client à la porte, surtout quand il semblait plein aux as.)
-Oui oui, l'assurais-je.
Il s'alluma une cigarette avant de poursuivre. Il y avait quelque chose d'inconvenant à voir une cigarette aux lèvres de ce visage juvénile. C'était comme voir un gamin de 12 ans en train de s'en griller une.
-Bien, dit-il en recrachant la fumée. Mon ami, mon amant devrais-je plutôt dire (je sursautais involontairement à ce mot) a été retrouvé mort il y a deux jours dans son appartement, baignant dans une flaque d'eau. L'autopsie a révélé qu'une intense activité sexuelle avait précédé son décès et avait même très probablement été la cause de sa mort. Je tiens à préciser que mon compagnon n'avait que 27 ans et faisait beaucoup d'exercice. Rien ne le prédisposait à mourir d'un infarctus et j'ai peine à croire que sa mort fut naturelle, d'autant plus qu'il m'était fidèle et que j'étais parti en voyage d'affaire quand c'est arrivé. Je voudrais donc bien savoir avec qui il aurait eu des relations sexuelles avant son décès.
-Vous avez des soupçons sur quelqu'un en particulier ? L'interrompis-je en me versant un verre de whisky pur malt.
- Peut être, répondit-il. Heero, Heero Yui c'était le nom de mon compagnon, était chercheur et travaillait depuis deux mois sur un projet secret avec le professeur Duo Maxwell. Vous le connaissez ?
Hormis la marque de café rien ne me venait à l'esprit, et je doutais qu'il y eut un quelconque rapport.
-Non.
-Il dirige la firme pharmaceutique " Maxwell & Co. ", leur laboratoire est l'un des plus reconnu actuellement sur le marché. Toujours est-il que depuis que Heero travaillait sur ce projet, il semblait distant et préoccupé. Il a toujours farouchement refusé de me révéler la nature de ses recherches alors qu'il ne m'avait jamais rien dissimulé jusque là. Je commençais à m'inquiéter pour lui quand on m'annonça à mon retour d'Allemagne qu'il était mort.
-La police n'a pas ouvert d'enquête ? Le coupais-je encore.
-Pas vraiment, l'autopsie a conclu à une mort naturelle, et ils n'ont découvert aucune substance anormale dans son organisme. Ils souhaitent seulement retrouver la personne avec laquelle il faisait l'amour, pour l'inculper éventuellement de non-assistance à personne en danger. Pour eux, Maxwell & Co. n'a rien à voir dans tout cela. C'est pourquoi j'ai décidé de m'adresser à quelqu'un comme vous. J'ai réussi jusqu'ici à étouffer cette affaire et crains, comme je vous l'ai dit, que les associés de mon entreprise n'en ait vent si je m'adressais à une agence plus importante. La rumeur du meurtre d'un homme ayant été mon amant, pourrais m'être gravement préjudiciable. Vous comprenez sûrement que l'homosexualité n'a pas très bonne presse dans les hautes sphères de la finance ?
Il appuya sa remarque d'un regard étrangement intense et je me demandais s'il se doutait de quelque chose à mon sujet. Je parvins néanmoins à ne pas détourner les yeux.
-D'accord, dis-je pour changer de sujet, et pour ce qui est de l'eau dans laquelle baignait votre ami ? (j'en profitais pour me resservir une double dose de whisky, excellent ce 14 ans d'age…)
-Cela reste un mystère, répondit-il après un bref silence. C'était de l'eau parfaitement banale, mais comme on a retrouvé son corps que 6 heures après son décès, il est mort vers 2 heures du matin, elle aurait du s'être évaporée en grande partie. Pourtant, il gisait bien au milieu d'une flaque d'eau.
-Bien, repris-je, et en ce qui concerne…
-Le paiement ? Me coupa t-il, achevant ma phrase (ce type m'énervait à sembler lire dans mes pensées.) Et bien, votre tarif habituel, plus une prime " discrétion. " Il sortit de son veston une liasse de billets à faire pâlir un banquier suisse et la déposa sur mon bureau. Bien entendu, continua t-il, vous n'aurez l'autre moitié qu'une fois l'enquête terminée.
Parce qu'il y a une autre moitié ?!?! M'écriais-je mentalement. Je ne pus m'empêcher de blêmir en pensant à l'intégralité de la somme qu'il me promettait, et dû me resservir un troisième verre de mon breuvage favori, plus rempli encore que les précédents, pour garder mon maintien professionnel et imperturbable. J'essayais de conserver mon calme légendaire pour lui faire croire que j'en avais vu d'autre, mais le sourire qui se dessina sur ses lèvres me fit comprendre qu'il devinait avoir frappé fort.
-C'est d'accord, finis-je par articuler après qu'un troupeau d'ange soit passé. Je m'occuperais de votre affaire, Monsieur…?
-Mon nom n'a aucun importance, et je vous répète que la discrétion est ma première priorité.
C'est donc entendu, je vous recontacterai à la fin de la semaine, Mr Barton (il avait légèrement appuyé sur le B), et il me planta là, sortant de mon bureau aussi vite qu'il était venu.
Je restais un moment abasourdi assis sur ma chaise et entraperçus au travers des persiennes une somptueuse limousine noire aux vitres teintées sortir de la rue. Hum, pour la discrétion on repassera.
Je me levais difficilement et titubais légèrement jusqu'à mon porte-manteau (pourquoi Dieu avais-je bu autant de whisky ?) Je pris mon vieux trench-coat, mon fidèle chapeau de feutre, et sortis à mon tour à la rencontre de mon destin en réajustant mon nœud de cravate.


" Maxwell & Co. ", 12 h 30.
Quand j'arrivais, les locaux étaient fermés (c'était la pause déjeuner) et ne rouvraient qu'à 14 h 30. je décidais de prendre mon mal en patience et d'attendre confortablement à l'intérieur de ma bonne vieille Cadillac 1957 série limitée à double injection.


" Maxwell & Co. ", 15 h 45.
Je m'étais très légèrement assoupi et n'avais pas vu le temps passer. Je me levais avec un sacré mal de dos du vieux siège dur et défoncé du tas de ferraille qui me servait de moyen de transport, et me dirigeais vers l'accueil en époussetant mon imper. Je n'avais pas encore mangé et fis un crochet vers un distributeur providentiel qui se trouvait dans le hall où j'achetais trois snickers. Une fois mon frugal repas terminé, j'annonçais à la secrétaire que je désirais rencontrer Mr Maxwell. Celle-ci, une blonde insipide avec une mèche de cheveux nouée bizarrement derrière le crane, sembla passablement indisposée que j'interrompis sa séance de manucure et me répondis sèchement du sempiternel " Mr Maxwell est en conférence. "
Sans me départir de mon assurance, je décidais de lui faire le coup du badge de police trouvé dans une boite de céréales, et la vit pâlir à la vue de mon éclatant emblème de justice. Elle bredouilla rapidement que Mr Maxwell était dans son laboratoire et m'indiqua la direction de celui-ci. Je la remerciais de manière purement anecdotique et partis dans l'enfilade de couloirs.
J'eus un peu de mal à trouver mon chemin dans ce labyrinthe de verre et de carrelage, mais finis par repérer le bon labo. C'était un lieu assez surprenant, immense et débordant de matériel High-Tech dont il était sans doute impossible de deviner l'usage sans avoir un doctorat en science moléculaire. J'en étais là de mes observations, quand un jeune homme en blouse blanche et à l'allure sportive s'approcha de moi et me planta son regard intimidant dans les yeux. La teinte rare de ses yeux violets rendait le contact encore plus impressionnant.
-Que faites-vous là, Monsieur…?
-Barton. Trowa Barton.
-Les visites sont interdites, Mr Barton. C'est miss Peacecraft qui vous a laissé rentrer ?
-Vous devriez changer de secrétaire, Mr Maxwell.
-Je me fais la réflexion presque tous les jours, mais que voulez-vous, c'est une amie de la famille. Bon, que désirez-vous ?
-Je suis détective privé, et j'aimerais m'entretenir avec vous si vous avez un moment à m'accorder.
-C'est au sujet de la mort de mon assistant ? Bien, juste un instant, je termine le relevé que j'étais en train d'effectuer, et je vous accompagne dans mon bureau.
Il se retourna pour farfouiller au milieu de machines bizarres portant un enchevêtrement de tubes. Je n'avais aucune idée de ce sur quoi il travaillait, mais il y avait là un nombre assez hallucinant de rats en train de copuler dans des cages disposées un peu partout dans la pièce.
Il revint vite et m'invita à le suivre. Ce qui me frappait le plus chez lui, c'était son age. Il ne semblait pas plus âgé que moi. 25, 27 ans tout au plus. C'était un homme svelte et athlétique portant une longue natte de cheveux châtains qui lui battait le…hum, bas du dos.
Bref, rien à voir avec la caricature de vieux scientifique qu je m'attendais à rencontrer. Il me fit suivre un couloir qui déboucha à ma grande surprise sur un jardin. Au beau milieu du complexe ultramoderne Maxwell & Co. se trouvait un élégant jardin, et, plus étonnant encore, une maison de style gothique anglais trônait en son centre, avec un je ne sais quoi d'Alice au pays des merveilles. Croisant mon regard étonné, Maxwell m'expliqua :
-C'est la maison de mon grand-père. Je l'ai fais venir pierre par pierre de Boston, et reconstruire ici. Puis j'ai fais bâtir les locaux de Maxwell & Co. autour d'elle. C'est ici que je vis, ainsi je peux assurer mes recherches et planifier les activités de mon entreprise en ne bougeant presque jamais de chez moi. Mais donnez-vous la peine d'entrer.
Il me fit monter dans son bureau au premier étage et m'offrit un excellent café (d'autant plus appréciable que je ne m'étais pas encore complètement remis de ma sieste improvisée.)
Sans me laisser le temps d'attaquer le premier, il me demanda :
-C'est le compagnon de Heero qui vous emploie ?
-Désolé, Mr Maxwell, je ne peux vous révéler l'identité de mon employeur ( je ne la connaissais d'ailleurs pas moi même) Vous connaissiez celui-ci ?
-Non, pas personnellement…
-Vous avez une très belle collection de papillons exotiques.
-Venons en au fait, Mr Barton, répliqua t-il avec un sourire. Que voulez-vous savoir ?
-Quels rapports entreteniez-vous avec Mr Yui ?
-C'était mon assistant. Il travaillait avec moi sur les projets les plus importants, il était brillant et consciencieux, je pouvais lui faire confiance.
-Et à l'extérieur ?
-Je travaille beaucoup, Mr Barton, et sors hélas très peu. Hormis les repas officiels donnés par l'entreprise et les réunions avec les partenaires scientifiques, nous ne nous voyions jamais à l'extérieur.
Duo Maxwell avait enlevé sa blouse blanche en entrant dans son bureau, et je pouvais admirer la carrure parfaite de ses épaules. En dessous de sa blouse, il était moulé dans une combinaison de sport entièrement noire assez excitante. Sa musculature longue et fine dessinait un relief particulièrement avantageux sous sa veste. Et du peu que je pouvais voir du bas…
-Mr Barton ?
-Oui ?
-Vous n'avez plus d'autres questions à me poser ?
-Euh…si, si, excusez-moi. Sur quoi travailliez vous avec Mr Yui au moment de sa mort ?
Il sourit de nouveau. Il ne faisait aucun doute qu'il avait conscience de la séduction qu'il exerçait sur les gens, et cela devait contribuer à lui donner cet air désinvolte. Il prit son chat sur ses genoux avant de me répondre, un énorme chat noir qu'il se mit à caresser de façon assez sensuelle. L'espace d'un instant, je me surpris à jalouser ce chat.
-Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que notre laboratoire est à la pointe de la recherche, Mr Barton ? Vous comprendrez bien que dans ces conditions je ne peux vous révéler la nature du projet en cours sans risquer de mettre en péril notre position de leader sur le marché. L'espionnage industriel est partout de nos jours.
-Vous ne pouvez même pas me donner une vague explication, même très générale, sur la nature du travail de Mr Yui ?
-Je regrette, Mr Barton.
-Où étiez vous le soir du meurtre ?
J'avais espoir d'ébranler sa belle contenance en lui servant tout à trac la question clé de mon interrogatoire. Je dois dire que je fus assez déçu : pas le moindre tressaillement ou changement de ton pour trahir une quelconque agitation intérieure.
Ce type était un mur d'amabilité nonchalante.
-Ici même, à travailler sur mon dernier projet.
-La mort étant survenue vers 2 heures, j'en déduis que vous n'avez personne pour confirmer vos dires, vos bureaux étant fermés depuis longtemps à cette heure ?
-Que cherchez-vous à démontrer Mr Barton ? Que j'étais avec Mr Yui au moment de sa mort ? A quoi cela vous amènerait-il par ailleurs ? Il a été prouvé par l'autopsie que sa mort avait été naturelle.
-Et qu'il était mort en faisant l'amour comme un forcené, Mr Maxwell.
-Je n'avais pas de liaison avec Heero, Mr Barton, me répondit-il du même ton égal.
Hum, en tout cas il n'avait pas précisé qu'il n'était pas homosexuel, me fis-je la remarque.
-Comment avez-vous appris son décès ?
-J'ai appelé son domestique le lendemain matin de sa mort, m'inquiétant de son absence au labo. C'est celui-ci qui a découvert son corps et appelé la police.
-Une dernière question : par qui allez-vous remplacer Mr Yui ?
-Je ne sais pas encore, c'était un collaborateur précieux, et je mettrai sans doute beaucoup de temps avant de pouvoir lui trouver un successeur acceptable.
Il me sourit et se leva pour me faire comprendre que l'entretien était terminé.
Le dernier regard qu'il me lança au seuil de sa porte était assez ambigu, et j'eus l'intuition troublante que moi aussi je lui plaisais.
Je décidais de rentrer chez moi (j'entends par là mon agence : n'étant pas assez riche pour me payer un logement séparé, je dormais sur un petit matelas que je dissimulais sous mon bureau pendant la journée. Au moins, étais-je assuré de ne jamais rater un client.)
Je repassais devant Miss Peacecraft, qui me dévisagea de même regard teinté de crainte et de respect dont elle m'avait gratifié à la vue de mon insigne factice, démarrais ma voiture, et fis un crochet par un petit snack thaï pour me prendre un dîner.
Je m'installais aussi confortablement que possible sur ma chaise en bois pour dévorer mon repas, et décidais d'attendre le soir pour agir.


J'émergeais difficilement avec le bip-bip stressant de l'alarme de ma montre. 23 heures 30.
Il était temps de me bouger. Je m'étirais pour achever de me réveiller et pris la bouteille de whisky qui était sur mon bureau pour la jeter dans la première poubelle venue. Maintenant que les affaires reprenaient, j'avais besoin de toute ma lucidité et de mes réflexes (et puis il est vrai qu'il était quand même grand temps que j'arrête.)
Je pris ma voiture et me garais à quelques pâtés de maison de Maxwell & Co. Je sortis du coffre ma vieille tenue fripée de ninja, l'enfilais dans ma Cadillac, et me saisis de mes cordes et grappins divers avant de me diriger discrètement vers mon objectif.
J 'observait caché derrière un angle du mur, le parcours du vigile et de sa lampe torche, et, dès que je fus assuré qu'il fut assez loin, me glissais dans la nuit vers le mur de derrière.
Je lançais mon grappin qui s'arrima instantanément à la corniche du toit et montais lestement, sans faire le moindre bruit (heureusement pour moi, j'avais travaillé dans un cirque avant d'être détective et j'y exerçais, entre autre, la fonction d'acrobate : j'étais donc passablement rompu à ce genre d'exercice, quoi que un peu rouillé par des mois d'inaction et de régime snickers-Jack Daniel's.)
D'en haut, je n'eus aucun mal à repérer la maison intérieure de Maxwell. Je me laissais glisser en rappel jusqu'à elle en évitant habilement les systèmes de sécurité (j'ai travaillé deux ans à Securiton, une société de gardiennage et d'installation de systèmes d'alarmes, j'en ai gardé quelques notions), et me faufilais jusqu'à la porte d'entrée.
Comme je l'avais prévu, ce play-boy de Maxwell devait encore être en train de faire des heures supplémentaires avec ses rats libidineux : la maison était parfaitement silencieuse, aucune lumière n'était allumé.
Je désactivais rapidement l'alarme de l'entrée, déverrouillais la serrure avec l'un de mes passe-partout, puis montais furtivement au premier étage en prenant bien soin de fermer la porte derrière moi. L'intérieur de la maison ne disposait pas d'alarme, j'avais bien remarqué que les imposants systèmes de sécurité se trouvaient principalement dans les couloirs donnant de l'intérieur des bâtiments sur la maison. Personne ne semblait avoir envisagé qu'un petit malin pourrait contourner le tout par les toits.
En entrant dans le bureau, je ne du qu'à la vivacité mes réflexes de ne pas m'emplafonner une forme noire qui se jeta dans ma direction et alla s'écraser contre le mur du fond, avec un gros boum, après que je l'eus esquivé. Je m'approchais précautionneusement et découvris dans le faisceau de ma lampe stylo le gros chat de Maxwell assommé. La plaque de son collier luit à la lueur de ma lampe et me révéla qu'il s'appelait " Shinigami. " Sale bête. Apres m'être assuré que le sumo félin était bien hors service, je me mis en devoir de passer la pièce au peigne fin. Au bout d'une heure je n'avais rien trouvé d'intéressant, et commençais à craindre que ma mission ne fût un fiasco.
Je jetais un oeil sur le chat pour vérifier qu'il était toujours inconscient, et vis qu'il dormait bel et bien. Soudain je remarquais un éclair métallique dans le faisceau de ma torche et m'aperçus que le tableau contre lequel s'était viandé Shinigami s'était un peu décroché, révélant le coin d'un coffre fort. Je déplaçais le tableau et tentais de trouver la combinaison qui, curieusement, était en lettres et non en chiffres.
J'essayais le non du chat, celui de la ville d'origine du grand-père, et me retrouvai à court d'idée. Soudain une illumination se fit en moi et j'essayais : H-E-E-R-O. Bingo ! Le déclic de la serrure se fit entendre. Il avait donc particulièrement d'estime pour son défunt employé cet homme là.
A l'intérieur se trouvait une pochette de photos Kodak, quelques lettres décachetées, une petite fiole de liquide transparent et…un curieux instrument ressemblant de manière troublante à un godemiché. J'emportais le tout dans ma besace et m'empressais de repartir par là où j'étais venu.
Arrivé chez moi, j'enlevais ma combinaison et examinais mon butin. Les photos étaient des polaroids assez explicites qui mettaient en scène Duo Maxwell et un autre jeune homme assez bien fait de sa personne. Je décidais d'analyser en détail la…pièce à conviction et eus un peu honte de sentir poindre une érection. Hum, ce Duo était vraiment terriblement excitant.
Pour le reste, les enveloppes contenaient des lettres d'amour passionnées, mais non signées, adressées à Duo que je parcourais rapidement, et j'étais bien incapable de déterminer ce qui se trouvait dans la fiole. On aurait dit de l'eau. Pas de couleurs, pas d'odeur, et je n'étais quand même pas assez fou pour goûter. Quant au godemiché, et bien…c'était bien un godemiché.
Je rangeais mes trouvailles dans un tiroir secret de mon bureau, déroulais mon matelas et m'endormis avec des questions plein la tête.


Le lendemain matin, je m'éveillais à 8 heures avec la sonnerie du téléphone. Je décrochais, pas très frais, le combiné, et ne fus pas surpris d'entendre la voix mesurée de Maxwell à l'autre bout du fil.
-Mr Barton ? Duo Maxwell à l'appareil. Je souhaiterai vous revoir aujourd'hui, je pense vous avoir sous-estimé. Que diriez vous de 21 heures, après la fermeture des locaux ?
-Hummm…(j'essayais de cacher les accents ensommeillés de ma voix), d'accord…
-Je vous attendrais derrière les bâtiments, vous connaissez je crois ? A ce soir.
Il raccrocha. Ce qui me chiffonnait, c'est qu'il n'avait pas l'air le moins du monde d'avoir perdu son calme.
Je me levais et pris une chemise propre dans mon secrétaire à dossier, qui me servait en fait de penderie, puis je sonnais en baillant chez mon voisin Mr Yamada qui m'accueillit en souriant (le brave homme me laissait prendre des douches chez lui, et je lui gardais son chien de temps en temps en échange.)
Enfin propre et bien habillé, les sens en éveil, je partis en voiture en direction de la fac de science. Là, je trouvais sans peine mon acariâtre amie Une qui était déjà de forte méchante humeur à 10 heures 30 du matin.
-Bonjour Une, comment vas-t…
-Qu'est ce que tu fais là, toi ? Tu crois que je n'ai pas assez de travail comme ça pour avoir en plus à m'occuper de toi ?
-J'étais venu te proposer…
-Je ne t'analyserai plus rien Barton, tant que tu ne m'auras pas remboursé ce que tu me dois déjà.
Sans un mot, je détachais trois gros billets de la liasse que m'avait laissé mon mystérieux employeur, et les déposais, avec une désinvolture que j'espérais digne de Duo Maxwell, sur son bureau. En un instant, son ton changea du tout au tout. Elle ôta ses lunettes, et devint la plus aimable, douce et attentionnée des femmes. (Il faut dire que mon amie souffrait de quelques troubles de la personnalité.)
-Il fallait le dire tout de suite Trowa !! Je pensais que tu voulais encore me faire le coup de me payer à crédit. Dans ces conditions, je m'y mets immédiatement, donne-moi ton truc.
Je lui tendais la petite fiole qu'elle examina un instant, avant de sortir tout son matériel de sous sa paillasse de labo.
-Reviens ce soir ou demain matin. Si ce n'est pas un produit trop courant, je te promets de faire toutes les analyses possibles dessus. Ce n'est pas de l'eau ?
-Non, je ne crois pas. Ah, juste une chose. Quelques soient les résultats, n'en parle surtout à personne.
-Pas de problème, Trowa, a bientôt.
Je sortis satisfait de la fac de science et m'apprêtais à reprendre ma voiture quand je fus arrêté par un jeune asiatique à l'air pas commode.
Il portait un costume traditionnel chinois noir, et ses cheveux étaient retenus à l'arrière par une queue de cheval. Malgré l'expression impassible et dure de ses traits, il était évident qu'il était splendide.
-Mr Barton ? Me demanda t-il avec une légère pointe d'accent étranger. J'acquiesçais de la tête, prêt à toute éventualité.
-Veuillez me suivre, s'il vous plait.
Je n'avais pas l'habitude de refuser d'accompagner d'aussi jolis garçons habituellement, mais quelque chose éveillait ma méfiance. Je décidais malgré tout de lui emboîter le pas, mes sens aux aguets.
Il me mena jusqu'à une voiture que je reconnus instantanément : la limousine du beau blond. Il m'ouvrit une portière de l'arrière et je me retrouvais assis à coté de l'homme qui m'avait fait rentrer dans toute cette histoire.
-Comment se déroule votre enquête, Mr Barton ? M'interrogea t-il immédiatement de son ton neutre de puissant PDG ne supportant pas la réplique.
-Bien Monsieur, je pense avoir découvert un certain nombre d'éléments intéressants. Mais j'aurais besoin de quelques compléments…
-Vous désirez sans doute une photo d'Heero, et une lettre portant son écriture ?
-Oui…(qu'est ce qu'il pouvait m'énerver à faire ça.)
-Tenez.
Le jeune homme était bien le même que celui des photos et l'écriture était identique.
-Avez-vous rencontré Mr Maxwell ?
-Oui, je l'ai interrogé et je dois le revoir ce soir.
-Bien, prenez un whisky.
-J'ai arrêté.
Il eut l'air contrarié.
-Mr Chang, servez un verre d'eau à Mr Barton s'il vous plait.
-Vous n'auriez pas plutôt du café ?
-Non.
Le dénommé Chang s'exécuta donc et, pendant que je buvais mon Evian(ou Volvic ? Je m'y connaissais beaucoup moins en eau minérale qu'en whisky, mais me jurais que ça allait changer), le blond repris :
-Avez vous découvert quelque chose d'intéressant sur ce qui se trame chez Maxwell & Co. ?
-Non, pas encore, dus-je avouer, mais cela n'est qu'une question de jour désormais.
-Bien, Mr Barton. Je vous dépose chez vous ?
-Je préférerais récupérer ma voiture si cela ne vous fait rien.
-Entendu. A bientôt Mr Barton.
Mr Chang m'ouvrit la porte et me lança un dernier regard énigmatique avant de rentrer dans la limousine. De retour chez moi, je me préparais à mon rendez-vous de ce soir.
Je dois bien l'avouer, au fond de moi j'étais excité comme un collégien.


" Maxwell & Co. ", 20 h 50.
-Vous êtes en avance Mr Barton.
-Je ne tenais pas à vous faire attendre.
-Bien, suivez-moi.
Comme lors de ma dernière rencontre, il me mena jusqu'à son étrange demeure, comme la dernière fois, je louchais sur sa natte et les parties de son anatomie que celle-ci frôlait. Mon cœur battait la chamade. Une fois dans son bureau, il me fit un de ses excellents cafés et le posa devant moi sans me demander si j'en voulais. Il s'assit et attendit un instant, me laissant le temps de souffler sur le café et de le siroter à petites gorgées. Son regard pensif s'attardait sur son gros chat noir qui dormait dans son panier, un énorme pansement sur le crane. Puis il commença :
-Barton, vous avez en votre possession un certain nombre de document qu'il m'est indispensable de récupérer. Je n'ai aucune preuve contre vous pour m'adresser à la police, et je présume que celui qui vous paie à suffisamment les moyens pour m'ôter toute possibilité de vous acheter avec de l'argent. Cependant, je peux vous proposer quelque chose qu'il n'est pas en mesure de vous offrir. Il appuya ses derniers mots d'un sourire ravageur qui ne laissait aucune ambiguïté sur la nature de la proposition.
Entendons-nous bien, même si cet homme me faisait indiscutablement de l'effet, j'estime avoir suffisamment de sang froid pour me contrôler en temps normal dans ce genre de situation (bien que le cas ne se présente pas tous les jours non plus, il faut bien l'avouer.) Pourtant, à peine avait-il terminé sa phrase que je sentais mon être entier s'embraser à cette idée. J'étais comme jeté en dehors de moi. Ma conscience, ma morale, mes inhibitions, tout était laissé au vestiaire en un instant. S'il escomptait une réaction positive de ma part il ne devait pas s'attendre à un tel déchaînement. Je me jetais littéralement sur lui et le renversais presque de sa chaise. Nos bouches s'unirent, et ma langue se fraya un chemin entre ses lèvres. Les photos pornographiques que j'avais vu de lui tournoyaient dans ma tête comme un kaléidoscope. Il dut faire usage de sa force pour me repousser un peu et me murmura en souriant :
-Pas ici, Trowa.
Cela me rendit fou. J'étais prêt à le suivre jusqu'au bout du monde, il se contenta de me guider jusqu'à sa chambre. Là, nous nous arrachâmes presque nos vêtements et entamèrent une torride étreinte. Jamais je n'avais connu une excitation si forte. Mon cœur battait à tout rompre et mon corps était inondé de sueur. Mais étais-ce bien de la sueur ? Au bout d'une heure, j'étais trempé et cela ne s'arrêtais pas. Je me sentais comme immergé dans un lac et j'avais du mal à respirer, je commençai à paniquer et à craindre de me noyer. Mon cœur me faisait terriblement souffrir. Je ne me souviens plus de ce que fis Duo, ni même quelle expression il avait à ce moment. Je sentais juste mon corps agité convulsivement par le plaisir et la douleur mêlés, malgré ma peur rien ne me semblait pouvoir me faire arrêter. Je ne sais plus à quel moment j'ai plongé dans l'inconscience.


Quand je me réveillais, j'étais seul dans la pièce. Le lit était abominablement défait et semblait imbibé d'eau jusqu'au sommier. J'avais encore un peu mal dans la poitrine mais trouvais la force de me lever et de ramasser ce qui restait de mes vêtements épars dans la chambre. Il faisait déjà jour. J'étais en train de chercher mon caleçon, quand je découvris sous sa table de chevet un certain nombre de vielles lettres qui avaient été cachées là.
J'en lu une au hasard et son contenu m'intéressa au plus haut point. J'embarquais avec moi les missives et me mis à la recherche de Duo. Il ne se trouvait nulle part dans la maison. Je m'apprêtais à sortir dans le jardin et crus remarquer une petite tache de sang sur le perron. Je n'y prêtais cependant pas trop garde et me dirigeais vers la sortie principale du bâtiment.
Miss Peacecraft m'apostropha sans que je pris la peine d'écouter un traître mot de ce qu'elle me disait. Dehors, je démarrais ma voiture et retournais chercher les résultats de mon analyse chez Une. Ceux ci vinrent confirmer ma théorie au-delà de ce que j'espérais.
-Dis-moi, Une, dis-je en sortant un autre gros billet, pourrais-tu me faire une dernière rapide recherche, je te prie ?


Quelques heures plus tard, je roulais à vive allure vers la banlieue ouest de la ville. Je dépassais des maisons à coté desquels les villas de Beverly-hills faisaient figure de taudis, et finis par m'arrêter à proximité d'un bois à l'extérieur de l'agglomération, où je dissimulais ma voiture avec des branches et des feuillages (j'ai fais mon service chez les commandos de l'armée de terre.)
Puis, je mis de nouveau mon costume de ninja, et attendis dans la forêt que la nuit tombe en observant avec mes jumelles mon objectif de ce soir, trônant au centre de la sylve :
La villa Winner.


Vers 22 h je vis enfin sa limousine sortir du garage et prendre la direction de la ville, sans doute dans le vain espoir de m'y trouver. J'opérais alors comme à mon habitude, avec souplesse et discrétion, et me retrouvais bientôt dans la place. Je ne mis pas plus de trois quarts d'heure à fouiller l'immense demeure et trouver ce que j'étais venu chercher. J'étais en train de finir de pirater l'ordinateur de bureau de Mr Winner (trois ans de programmation informatique chez Microsoft, ce n'est tout de même pas rien) quand la pièce s'illumina soudainement, laissant apparaître le-dit Winner un revolver à la main et un sourire cynique aux lèvres.
-Mr Barton, que me vaut l'honneur de cette visite ?
Stupéfait, je restais là à fixer le blond en clignant des yeux.
-Vous n'étiez pas sorti ? Lui demandais-je sincèrement surpris.
-Désolé mon cher, la voiture que vous avez vu partir emportait mon neveu à l'avant-première du dernier Harry Potter. De toute façon, je m'attendais à votre visite, Mr Chang vous suivait depuis le début. Enlevez ce pyjama ridicule s'il vous plait.
-C'est que, je ne porte rien en dessous…
-Je le sais très bien.
J'obtempérais, préférant me retrouver nu et momentanément vivant que mort dans ma tenue ninja.
-Vous avez un corps magnifique, Mr Barton, savez-vous ?
Il me détaillait de la tête aux pieds avec une lueur carnivore dans le regard, véritablement inconvenante dans ce visage ingénu.
-Maintenant, racontez-moi ce que vous êtes venu faire ici, cher ami.
-Et bien, je refuse tout simplement de rentrer dans votre jeu, salopard. Depuis le début vous vous êtes servi de moi pour arriver à vos fins.
-Comment cela ? Eut-il encore le culot de me répondre.
-Arrêtez ça, Winner. C'est vous qui avez tué votre amant en vous servant du mystérieux produit sur lequel il travaillait avec Maxwell. Vous saviez qu'ils étaient amants et refusiez l'idée qu'il puisse vous quitter pour un autre. J'ai découvert dans la maison de Maxwell certaines des lettres de menace que vous aviez envoyées à Heero. J'ai également trouvé les lettres qu'Heero avait envoyées à son amant lui expliquant la peur qu'il avait de vous annoncer une rupture. Duo aimait Heero, et ne l'aurait jamais fais mourir.
Le soir où Heero vous a finalement annoncé qu'il partait, vous lui avez injecté un échantillon du produit que vous aviez volé chez lui, tout en sachant pertinemment que cette version imparfaite était mortelle à une certaine dose.
J'ai fais analyser ce produit en laboratoire : il décuple le désir et l'énergie sexuelle de celui qui en boit, mais inflige également un terrible choc à son organisme. Il a l'inconvénient d'amener les cellules de l'épiderme à produire une énorme quantité d'eau (processus qui continue même de longues heures après la mort), ce qui nécessite un effort démesuré du cœur qui finit par lâcher. Cependant, il a l'avantage de ne laisser aucune trace, que ce soit dans le corps de la victime ou dans l'eau qu'elle a produite en mourant.
Apres avoir personnellement accompli votre crime, je viens de vérifier sur votre ordinateur, vous n'avez fais aucune demande de réservation pour l'Allemagne ou toute autre destination cette semaine, vous m'avez contacté en m'exposant vos doutes quant aux agissements de Mr Maxwell. Vous espériez que je découvre l'existence de ce fameux produit et que j'imagine que c'était Duo qui l'avait administré à Heero. Pour m'en convaincre, vous avez traîtreusement empoisonné le verre d'eau que j'ai bu dans votre voiture avec un peu de ce produit, en sachant que je devais rejoindre duo quelques heures plus tard. Ainsi, j'étais censé penser que Duo avait tenté de me tuer ou tout du moins me manipuler à l'aide de sa dernière invention. En définitive, vous vouliez vous servir de moi pour " prouver " la culpabilité de Maxwell dans la mort de Heero, vous vengeant du même coup de votre compagnon qui vous a trahi et de son amant.
Malheureusement pour vous, j'ai fais vérifier par mon amie chimiste la compatibilité de l'aphrodisiaque de Maxwell avec le café. Or, les tanins du café altèrent la structure chimique de celui ci, le rendant inefficace (sauf quand il a déjà été assimilé depuis plusieurs heures par l'organisme.) Maxwell ne m'ayant offert que des cafés lors de mes visites chez lui, ce ne pouvais donc être lui qui m'avait fais boire cette cochonnerie. Restait le verre d'eau que vous m'aviez " offert. " Vous savez, j'ai peut être eu de très légers penchants alcooliques, j'arrive quand même à reconnaître quand une eau minérale a un goût dégueulasse. C'est pour ça que vous vouliez me l'administrer dans un whisky.
Voilà, ça vous épate, hein ?
-Pas mal, Mr Barton. Mais cela n'a aucune espèce d'importance en ce qui me concerne. Mon plan a certes échoué, mais vous allez mourir ce soir ainsi que tous ceux qui sont au courant de l'affaire.
Il appuya sur une télécommande, ce qui actionna l'ouverture d'une porte secrète au fond de son bureau. Apparurent devant moi, ligotés et bâillonnés, Duo Maxwell, Une, et Mr Yamada.
-Pourquoi Mr Yamada ?
-Je reconnais que j'ai peut être fais preuve d'un peu de zèle en faisant kidnapper votre père, mais vous sembliez trop familiers. Je craignais une éventuelle confidence de votre part.
-Mais, ce n'est pas mon père !
-Pourtant, vous vous douchiez chez lui et lui promeniez son chien ?!
-C'est juste un voisin sympa, relâchez-le.
-Désolé Mr Barton, comme je vous l'ai dit, je ne prends aucun risque.
A ces mots, je sentis un choc violent derrière la nuque, et n'eus que le temps avant de m'évanouir d'entrevoir le visage fin et impassible de Mr Chang qui se tenait derrière moi.


A mon réveil j'étais toujours nu, attaché sur un lit immense avec des sangles de cuir. Une imposante fresque baroque recouvrait le plafond.
-Vous êtes réveillé ?
C'était Quatre Raberba Winner. Superbe, il se tenait à mes cotés, nu lui aussi, dans une posture indécente. La taille de son sexe contrastait violemment avec son visage d'enfant.
-Nous attendions impatiemment que vous reveniez à vous, Trowa Barton.
-Nous ? Demandai-je.
-Mr Chang et moi naturellement.
Chang était effectivement debout près de moi, aussi nu que son maître et tout aussi magnifique. Sa peau dorée et sa musculature fine et bien dessinée le faisaient ressembler à une statue de bronze. En d'autres circonstances, cette situation n'eut pas été pour me déplaire, sauf que là, Chang tenait à la main une seringue remplie d'un liquide transparent.
-Vous allez passer en notre compagnie une dernière nuit de luxure Mr Barton, une dernière nuit mortelle.
Mr Chang avait un timbre de voix suave et terrifiant. Il approcha sa seringue de mon bras et m'injecta entièrement son contenu dans les veines en dépit de mes efforts pour me soustraire à l'aiguille. Une dose mortelle, eus-je le temps de penser.
Quelques secondes plus tard, on m'enlevait mes liens, et je me jetais sur Winner et Chang, mais pas précisément dans l'intention de les combattre.
La morale m'interdit ici de faire la description de toutes les choses indécentes que j'ai pu commettre sous le coup de mon délire, mais la liste serait longue et carabinée.
Sentant mes derniers instants approcher, j'explosais d'un plaisir extatique avant de perdre conscience pour la dernière fois.


Epilogue.
Quand je revins à moi, je n'osais trop m'attendre à me retrouver au paradis. D'ailleurs, Saint-Pierre était un peu trop typé asiatique pour être parfaitement biblique.
-Je ne suis pas mort ? Demandais-je à Mr Chang.
-Non, mon cher, vous êtes encore bel et bien parmi nous.
-Et Winner ?
-Hors d'état de nuire.
J'avais du mal à comprendre.
-Je me présente, reprit-il, capitaine Chang Wufei des services secrets internationaux. J'enquête sur ce salaud de Winner depuis très longtemps. Voici des années que je suis infiltré à ses cotés, mais, je dois vous en remercier, c'est grâce à vous que j'ai finalement réussi à le coincer. Désolé d'avoir dû vous infliger tant de désagréments, mais c'était nécessaire pour établir sa culpabilité de façon irréfutable.
Je commençais à me rendre compte que la pièce était envahie de policiers en uniforme, ce qui était assez gênant étant donné que j'étais toujours tout nu.
-D'accord, d'accord. Mais le produit que vous m'avez injecté hier soir ?
-Hum, ce n'était que de l'eau Mr Barton, mais je vous suis reconnaissant d'avoir su vous prêter à la comédie avec tant de conviction.
-Ah ? Euh…Merci, tout le plaisir était pour moi.
THE END.